3 poèmes de Michel Houellebecq, écrits alors jeune poète. (Photos de jeunesse)


1. JE SUIS COMME UN ENFANT qui n’a plus droit aux larmes

Je suis comme un enfant qui n’a plus droit aux larmes,
Conduis-moi au pays où vivent les braves gens
Conduis-moi dans la nuit, entoure-moi d’un charme,
Je voudrais rencontrer des êtres différents.

Je porte au fond de moi une ancienne espérance
Comme ces vieillards noirs, princes dans leur pays,
Qui balaient le métro avec indifférence ;
Comme moi ils sont seuls, comme moi ils sourient.

Michel Houellebecq jeune étudiant jeunesse

2. Je n’avais que dix-sept ans

Je n’avais que dix-sept ans,
Mourir sans faire l’amour
Me paraissait bien triste.
Faut-il toucher la mort
Pour connaître la vie ?
Nous avons tous des corps`
Fragiles, inassouvis.

Fin de soirée,
Les vagues glissent
Sur le métal du casino
Et le ciels vire à l’indigo,
Ta robe est très haut sur tes cuisses.

Camélia blanc dans une tresse
Des cheveux lourds et torsadés,
Ton corps frémit sous les caresses
Et la lune est apprivoisée.

Michel Houellebecq jeune étudiant jeunesse

3. La premier fois que j’ai fait l’amour

La première fois que j’ai fait l’amour c’était sur une plage,

Quelque part en Grèce

La nuit était tombée 

Cela paraît romantique 

Un peu exagéré 

Mais cependant c’est vrai.

Et il y avait les vagues,

Toujours les vagues

Leur bruit était très doux

Mon destin était flou.

La veille au matin j’avais nagé vers une île

Qui me paraissait proche

Je n’ai pas atteint l’île

Il y avait un courant

Quelque chose de ce genre

Je ne pouvais pas revenir

Et j’ai bien cru mourir,

Je me sentais très triste

À l’idée de me noyer

La vie me semblait longue

Et très ensoleillée

Je n’avais que dix-sept ans,

Mourir sans faire l’amour

Me paraissait bien triste.

Faut-il toucher la mort 

Pour atteindre la vie ?

Nous avons tous des corps

Fragile, inassouvis. 



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